Hier, il m’est arrivé une chose horrible. Mon portable s’est déchargé.
S’il y a bien une chose qui est stressant quand on possède un téléphone mobile, c’est qu’il n’ait plus de batteries alors qu’on n'est pas chez soi. Un mobile, c’est tellement utile. On peut appeler quand on veut où on veut. Mais surtout, aujourd’hui, on peut prendre des photos, écouter de la musique, télécharger des jeux. Bref, le mobile a remplacé la cigarette : quand on ne sait pas quoi faire de ses mains, hop, on sort son téléphone et on revoit pour la énième fois tous les noms de son répertoire.
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Donc un mobile qui se décharge quand on attend le bus en pleine rue, c’est carrément l’angoisse. Que faire ? Regarder les gens, mais ils te regardent aussi, c’est super gênant. Regarder ses pieds, moui ce n’est pas super intéressant et on te prends pour une marginale extra timide. Regarder le ciel on va te prendre pour un azimuté. Bref, pour une non-fumeuse, un portable déchargé c’est la lose totale, on ne sait plus si on doit croiser les bras, mettre les mains dans ses poches, sur ses hanches, contre un mur.
Heureusement le jour où ça m’est arrivé, j’avais mon i-pod ! Donc au lieu de le mettre dans mon sac, les écouteurs aux oreilles, je le tripotais jusqu’à connaître les 3106 chansons que j’avais téléchargées- je me demande pourquoi vu que je n’écoute que ma play-list de 14 chansons !
Mais le i-pod ne peut pas faire substitut de mobile pour ce qui est de l’intérêt premier d’un mobile : passer un coup de fil. Or, je devais prendre le bus pour Soto, où on devait venir me chercher 45 minutes après. Comme toujours, je devais appeler une fois rentrée dans le bus pour prévenir que j’étais en route, afin qu’on vienne me chercher à l’heure.
Je monte donc dans le bus, avec mon portable déchargé, oubliant l’existence même des cabines téléphoniques, qui sont devenues pour moi comme une maison hantée. Au bout d’un quart d’heure, le stress grandissant de ne pouvoir allumer mon téléphone, je jette un coup d’œil aux alentours. Dans le rang d’à côté, deux femmes d’environ 65 ans, dont une qui tient dans sa main, alléluia, un portable rose (sans commentaire). Je tripote mon portable, j’hésite, est-ce que je me permets de lui demander que je mette ma carte SIM dans son téléphone ? Je l’ai déjà fait mais j’ai toujours demandé à des jeunes, cool et fashion, qui devaient connaître la galère d’être sans batterie. Les vieux ne connaissent pas, car le portable, c’est pour appeler, uniquement pour appeler, le reste du temps, il est branché. Mais dans ce bus, la moyenne d’âge est de 60 ans, ici, je ne suis qu’un bébé.
J’observe les deux femmes cinq minutes ; elles me paraissent normales, elles discutent tranquillement, elles ont l’air d’être ouvertes, pas de ces vieilles femmes qui ont peur de tout et qui vont te faire une crise cardiaque si tu leur demandes l’heure.
Allez, prenant mon courage à demain, la nécessité d’appeler étant plus fort que tout- oui, parce que si on ne vient pas me chercher au village, je vais devoir me taper vingt minutes de marche…avec mes escarpins-, je me dresse, m’assieds sur le siège d’à côté, me concentre pour sortir ma voix la plus suave et leur adresse la parole.
Ah oui, le problème, c’est que c’est en espagnol, et je ne sais pas comment on dit ni batterie, ni carte SIM, ni décharger. Bon, je leur demande quand même, avec mes mots à moi, en faisant des gestes de clown, leur montrant mon mobile et le portable rose qui pend à la main de la première.
Je n’ai pas dû bien me faire comprendre. Tout d’un coup, dirais-je même, tout de suite car je n’ai pas pu terminé mes explications, un flot de paroles se déverse et je n’ai pu comprendre que ‘’enchufar’’. Usted tiene que enchufar. En gros, la dame m’a répété, que je devais brancher mon portable.
…
Grosse goutte d’eau sur ma tempe gauche, façon manga.
…
Elle me prend pour une conne là. Non, mais c’est ça, je suis une grosse IMBECILE qui ne sait pas que pour que le portable se recharge il faut le BRANCHER !!!!!!
Passant ma surprise, j’essaie de lui demander si elle ne peut pas me prêter son mobile. ‘’Pero blababla, enchufar, blablablabla, para que, blablablabla, tiene que enchufar su móvil, blablabla’’
D’ac-cord. Muchas gracias señora, vous m’avez été d’une aide précieuse. La prochaine fois, je penserai à prendre mon rechargeur pour pouvoir brancher mon téléphone dans le bus afin de ne plus embêter les dames charmantes comme vous-même.
Sans blague.
J’ai de la chance, les deux hommes de derrière ont vu mon cas désespéré et mon air ahuri (j’étais à la limite de pleurer, ou cette dame me prend pour la dernière des tébés ou elle a un QI de chauve-souris). Un d’eux se penche pour me demander le problème…non, non, je n’étais pas en train d’agresser la vielle dame, je vous assure !!
Après lui avoir expliquer, il me prête gentiment son portable. Manque de pot, le sien aussi n’a pas assez de batterie, je peux l’allumer mais pas appeler. Je le lui dis, il me dit si, si, vous devez l’allumer.
Gouic.
Je dois vraiment avoir une tête d’imbécile.
Je suis obligée de lui montrer son portable, de l’allumer devant lui et d’attendre que le portable se coupe pour qu’il comprenne – je tiens à préciser que mon espagnol n’était pas la cause de toute cette incompréhension.
Au bout de dix minutes, je trouve enfin un portable valable. Tout en appelant, je vois du coin de l’œil que les deux dames parlent de moi (je ne l’entends pas, je le vois). Vous savez, d’un style désapprobateur comme seules les vieilles dames peuvent le faire, disant oui de la tête d’un air dégoûté avec la main sous le menton, pinçant les lèvres et haussant les sourcils, genre, ‘ces jeunes de maintenant, plus aucun respect pour rien’….
J’ai trouvé pire angoisse que de simplement avoir un mobile déchargé : avoir à demander de l’aide quand on a un mobile déchargé.
Je préfère tourner la tête vers la fenêtre. Dans une demi-heure, je vais pouvoir brancher mon portable. Et elles, elles peuvent aller s’enchufar ailleurs.
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Later that day I got to thinking about relationships... But the most exciting, challenging and significant relationship of all is the one you have with yourself. And if you find someone to love the you you love, well, that's just fabulous.
Carrie Bradshaw
16 juillet 2007
Le cauchemard du téléphone
Hier, il m’est arrivé une chose horrible. Mon portable s’est déchargé.
S’il y a bien une chose qui est stressant quand on possède un téléphone mobile, c’est qu’il n’ait plus de batteries alors qu’on n'est pas chez soi. Un mobile, c’est tellement utile. On peut appeler quand on veut où on veut. Mais surtout, aujourd’hui, on peut prendre des photos, écouter de la musique, télécharger des jeux. Bref, le mobile a remplacé la cigarette : quand on ne sait pas quoi faire de ses mains, hop, on sort son téléphone et on revoit pour la énième fois tous les noms de son répertoire.
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Publié par Caylony
Thèmes Espagne, Les misères quotidiennes, Rencontre du 3eme type
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